mercredi 6 juillet 2016

De mort naturelle (James Oswald)

[...] Les démons existent peut-être, au fond.

À l'heure où l’Écosse quitte le continent un peu contre son gré, il semblerait que les voix littéraires s'y fassent entendre de plus en plus nombreuses.
Ian Rankin n'y prêche plus seul et après Gordon Ferris, voici donc James Oswald.
Un auteur qui sait saluer ses pairs :
[...] Assis sur une chaise en plastique inconfortable, un agent en uniforme montait la garde devant la porte d'une chambre. Histoire de tuer le temps, il lisait un roman de Ian Rankin.
Selon son éditeur : James Oswald est un auteur pas comme les autres. Fermier le jour, écrivain la nuit, il élève des vaches et des moutons en Écosse. D’abord autopublié, il a connu un succès fulgurant dès ses débuts. De mort naturelle est la première enquête de l’inspecteur McLean.
Depuis des années, les auteurs de polars nous ont habitués aux intrigues policières minces et épurées, préférant se consacrer tantôt aux personnages, tantôt aux ambiances sociales ou historiques. C'est devenu la mode pour le genre noir.
Avec cette Mort naturelle au contraire, James Oswald a délaissé ses moutons pour nous concocter un riche polar où s'entremêlent non pas une mais bien plusieurs énigmes policières.
La momie poussiéreuse d'un sale meurtre des années 40, une série de cambriolages, la cohorte des victimes d'un serial-killer (ou d'une série de killers ?) et même les histoires personnelles de l'inspecteur McLean que l'on cherche visiblement à compromettre :
[...] — On dirait bien de la cocaïne, monsieur… Pour être sûr, il faudrait un kit d’analyse, mais si vous ne gardez pas votre talc dans la chasse, je ne vois pas ce que ça pourrait être d’autre. Et ça représente du fric ! Quelque chose comme dix mille livres. Qui peut investir ça pour vous compromettre ?
Tout ce montage savant et complexe finira par s'imbriquer étroitement et s'expliquer habilement mais commence par une découverte macabre ...
[...] — Vous avez découvert un cadavre dans la maison ? s’écria soudain Emily Johnson, qui venait de comprendre.
— Désolé de ne pas vous l’avoir dit plus tôt. Mais oui, c’est ça. Une jeune femme, cachée dans une pièce murée de la cave. Tuée après la fin de la guerre, d’après nous.
— Tout ce temps… soupira Mme Johnson.
[...]— Comment est morte cette femme ?
— Contentons-nous de dire qu’elle a été assassinée, et oublions les détails…
Le lecteur, moins chanceux que Mme Johnson, aura eu droit aux détails ... qui ouvrent le bouquin de façon plutôt brutale.
Il aura même droit à un zeste de fantastique particulièrement bien géré et maîtrisé (pourtant on n'est pas trop fan) jusqu'à un dénouement plutôt original.
Sûr de son coup et maîtrisant parfaitement son bouquin, James Oswald se paie même le luxe de donner à ce lecteur quelques (toutes petites) longueurs d'avance sur le flic : la lecture en devient vraiment savoureuse.

Pour celles et ceux qui aiment les diseuses de bonne aventure.
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