lundi 11 avril 2016

Gravesend (William Boyle)

[...] Alors elle décida d’aller s’encanailler au Wrong Number.

Les éditions Rivages/Noir ont décidé de fêter leur millième numéro avec un ... premier roman, celui d'un auteur américain encore méconnu : William Boyle.
On aime bien ces bouquins noirs où des personnages malchanceux sont emberlificotés dans des histoires implacables, lorsqu'un destin fatal les entraîne, quoiqu'ils fassent (et en général, ils ne font qu'aggraver les choses) sur une pente inexorable.
Des histoires où Tous les dieux vous abandonnent, pour citer une lecture récente.
À Gravesend, quartier sud de Brooklyn, les personnages de William Boyle font partie de la même cohorte de toux ceux qui se retrouvent au mauvais endroit, au mauvais moment pour de mauvaises rencontres, tous ceux qui n'ont pas tiré une carte chance, mais plutôt un mauvais numéro à la grande loterie.
[...] Le moment tant attendu arrive. C’était probablement écrit que ça devait se dérouler comme ça.
[...] Elle regrettait de ne pas être née ailleurs qu’à Brooklyn, qu’à Gravesend.
[...] Alors elle décida d’aller s’encanailler au Wrong Number.
Pour réussir la recette, quelques ingrédients de base sont nécessaires, faciles à trouver dans tout mauvais quartier.
Un décor sinistre.
[...] Des bourgades affublées du genre de noms qu’on donnerait à son chien : Monroe, Chester.  
Un vieux drame jamais pardonné.
[...] Ça n’a rien d’involontaire. C’est un meurtre pur et simple. Je ne vais pas te dire que je suis désolé et que je voudrais pouvoir revenir en arrière. Ça ne servirait à rien.
Quelques personnages qu'un sombre passé pousse à la dépression.
[...] Non, il abandonnerait, c’est tout. Devant la télé, il arrêterait de respirer.
Et d'autres qu'un sombre passé pousse à des jeux plus dangereux.
[...] Elle repensa à Conway arrachant le fil du socle du téléphone. On aurait dit un gamin piquant une crise, avec en plus quelque chose de réellement psychopathique dans le regard.
Le mélange demande quelques précautions et il faut touiller lentement, toujours dans le même sens fatidique.
William Boyle (pas facile comme patronyme !) a choisit des ingrédients classiques : un mauvais coin de Brooklyn, un gars qui sort de taule, un autre qui rêve de vengeance et une fille trop belle pour le quartier.
Malheureusement notre jeune cuistot n'y est pas allé avec le dos de la main morte et il en fait des kilos et il en rajoute des louches dans le genre loser paumé.
Peu à peu les personnages (pourtant bien campés) perdent humanité et vraisemblance et finalement s'éloignent de nous.
Dommage, car on a bien senti que le service pouvait être de qualité.
On mettra cela sur le compte du manque de maîtrise d'un premier roman, de l'enthousiasme d'un marmiton qui a voulu rendre hommage aux grands chefs, et on espèrera que le coup de projecteur offert par Rivages/Noir donnera à cette nouvelle cuisine l'élan nécessaire pour une suite qui méritera toute notre attention.

Pour celles et ceux qui aiment les losers.
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