mercredi 29 mai 2013

Le sang et la poussière (Malla Nunn)

Portrait de ville en noir et blanc.

On avait connu Malla Nunn grâce à son premier roman, Justice dans un paysage de rêve, que nous avaient proposé Babelio et les éditions des Deux terres.
Comme on avait bien aimé ce premier épisode, nous voici avec la seconde enquête de l’inspecteur Cooper en Afrique du Sud : Le sang et la poussière.
Avec une ambiance bien différente du précédent voyage (ou bien nos yeux ont changé) : fini le veldt, on quitte la brousse pour la jungle des villes et nous voici à Durban.
Et comme dans tout bon polar, c’est encore la découverte d’un cadavre qui lance le récit : celui d’un jeune garçon. Un blanc. Trucidé dans les bas-fonds de Durban.
Et Cooper aura de nouveau la redoutée Security Branch aux trousses puisque … c’est carrément lui qui est rapidement accusé du meurtre.
Un polar très américain de par son intrigue qui nous plonge dans le ‘milieu’ de Durban : club de boxe, blonde fatale, parrains noir ou blanc, tout y est, jusque même des espions russes.
Mais comme avec le précédent bouquin, ce qui retient l’attention c’est bien la description de cette Afrique du Sud des année cinquante, une nation qui ne connaissait pas encore l’arc-en-ciel et qui avait pris le relais des théories raciales nazies.
Avec ce deuxième tome, Malla Nunn explore à nouveau la condition des métis (l’inspecteur Cooper en fait partie, tout comme l’auteure elle-même) et l’on est surpris, par exemple, par un Durban peuplé de mauriciens.
On peut d’ailleurs tout à fait reprendre une citation du précédent bouquin :

[...] D'après les nouvelles lois raciales, tout était blanc ou noir. Le gris avait cessé d'exister.
Et les métis n’ont qu’une alternative : tomber d’un côté ou de l’autre, noir ou blanc, tout dépend de ce que vous arrivez à faire inscrire sur vos papiers d’identité. Certains sont donc prêts à tout, y compris à risquer leur peau, au sens littéral, quitte à se brûler le visage à force de crèmes éclaircissantes.
Le pays et l'époque sont tels qu'en Afrique du Sud, dans les années cinquante, même les blancs se déchiraient entre eux (on parle ci-après du commandant Van Niekerk dont Cooper est le protégé)(1) :
[…] Il était nouveau en ville et hollandais - un mélange potentiellement fatal. Des décennies de guerre pour contrôler les diamants et la terre avaient entretenu la méfiance entre les deux communautés blanches. Les Afrikaners croyaient être la tribu blanche d’Afrique, née, nourrie et élevée sur le veldt. Pour eux, les Britanniques étaient des intrus récemment arrivés, intéressés avant tout par le profit et le pouvoir. Et les Britanniques étaient convaincus que les Boers n’avaient ni l’intelligence ni le dynamisme nécessaires pour diriger l’Afrique du Sud.
Van Niekerk étaient le fils d’un riche hollandais et d’une anglaise avec plus de sang noble dans les veines que la police de Durban tout entière. Cela ne faisait aucune différence. Son nom afrikaner le classait comme inférieur.
Il y a donc pas mal de choses de pourries au royaume de Durban.
Pour être franc, on aura quand même préféré le souffle sauvage du premier volume à cette plongée trouble dans les bas-fonds de Durban.
Les deux bouquins sont désormais disponibles en poche.

(1) - un commandant Van Niekerk qui au fil des enquêtes de Malla Nunn, apparait un peu comme le reflet africain du colonel thaïlandais Vikorn mis en scène par John Burdett à Bangkok : mystérieux, omnipotent, trouble, … et qui souffle tantôt l’espoir tantôt la crainte sur son protégé (Cooper ici, Sonchaï à Bangkok)


Pour celles et ceux qui aiment les portraits en noir et blanc.
D’autres avis sur Babelio. Pat en parle également.

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