vendredi 11 mars 2011

Le léopard (Jo Nesbo)

Vacances au Congo.

Avant de parler du dernier Jo Nesbo Le léopard (ouais, forcément on l'a ! c'était même le cadeau de Valentin de BMR, merci MAM !), avant donc : une parenthèse sur les “hackers” ou plutôt hackeuses qui, modernité oblige, commencent à peupler nos polars.
Passons rapidement sur la punkette suédoise Lisbeth chez feu Stieg Larsson, elle aura eu au moins le mérite de nous avoir fait connaître la silhouette de Noomi Rapace à l'écran.
On avait déjà la délicieuse Signorina Elettra en talons aiguilles chez Dona Leon dont ne sait jamais trop d'où lui viennent ses entrées dans les arcanes informatiques italiennes : surdouée de l'informatique ou bien carnet rose d'anciens amants bien rempli ? Le mystère est bien gardé !
Dans un tout autre genre, Josiane la acqueuse (sic) valait également le déplacement chez Fred Vargas, une mamie capable d'égaliser les finances des riches et de donner aux pauvres. Mais visiblement, j'ai regardé le JT ce soir : elle a dû cesser ses activités ... dommage.
Et puis voici donc Jo Nesbo qui y va de sa contribution au panthéon des pirates para-policières : originalité garantie pur jus d'airelles de Norvège, avec cette fois une Katherine mal remise de son aventure avec le Bonhomme de Neige et devenue hackeuse dans un asile psychiatrique : elle utilise le PC de la salle de récréation quand l'infirmière en chef a le dos tourné ...
On se contrefout des aspects technico-électroniques (y'a suffisamment de séries télé pour ça et puis on n'est pas au boulot) mais alors, nom d'un cookie, quels personnages ! quelles fortes et originales personnalités !
Nul doute qu'on reparlera de cette bientôt fameuse collection de acqueuses .... (tiens, que des femmes ?)

Allez revenons à ce nouveau Nesbo.
On reste exactement dans la veine du précédent Bonhomme de Neige : polar fleuve, serial-killer, fausses pistes en tout genre. En peut-être un peu mieux.
Disons le tout de go, depuis le Bonhomme de Neige, le filon des premiers épisodes s'est un peu tari : Jo Nesbo semble se cantonner à du bon vieux polar classique. Et à nos yeux, ça ne vaut quand même pas les premières enquêtes de Harry Hole. Bon c'est dit.
Reste du très bon polar, façon Connelly, revisité Scandinavie, tendance Hannibal Lecter.
Exit le vilain ripoux Waaler, on découvre désormais Bellman un nouveau méchant d'une brigade rivale, beau et ambitieux, grrr...
Comme précédemment, Jo Nesbo confirme qu'il est devenu le maître incontesté de la fausse piste : on aura pas moins de trois arrestations dans cet épisode ! dont une à mi-parcours (mais vu la taille du bouquin, le lecteur futé se doute bien que c'est pas la bonne, ha ha !).
Qui plus est Jo Nesbo a renoué avec son envie de faire voyager son inspecteur Harry : on ira avec lui jusqu'au Congo, on fera une petite virée en NZ (cf. L'homme chauve-souris) et au début du bouquin, la jolie Kaja Solness est obligée d'aller chercher Harry dans les bas-fonds de Hong-Kong (l'alcool ne suffit plus, il est devenu accro à l'opium après la débâcle du Bonhomme de Neige !).
Bref, tous les ingrédients sont là.
Avec même une petite référence au sinistre roi Leopold II de Belgique connu pour les exactions commises dans sa colonie privée du Congo, un triste sire qu'on avait déjà croisé dans le film Blood Diamond.
Léopold, léopard ... Ce Léopard (l'animal qui adapte sa propre respiration à celle de sa proie pour mieux la surprendre ... brrr), ce léopard donc, pourrait bien être le pavé idéal pour les plages cet été (dès que les températures seront remontées).
[...] Il se rendit compte au même instant que la fenêtre de la chambre était ouverte, qu'il aurait dû ... Il retint soudain son souffle. Quelqu'un parut cesser de respirer en même temps que lui. Pas quelqu'un, quelque chose. Un animal.
Il se retourna. Ouvrit la bouche. Son cœur avait cessé de battre. Comment est-ce que cela pouvait s'être déplacé aussi vite et sans un bruit, comment est-ce que ça avait pu arriver  ... aussi près ?

Pour celles et ceux qui aiment se faire peur.
C'est Gallimard qui édite ces ... 760 pages parues en 2009 en VO et qui sont traduites du norvégien par Alex Fouillet.
Yann en parle. D'autres avis sur Babelio.

mercredi 2 mars 2011

Comment va la douleur ? (Pascal Garnier)

Entre Ferrat et Échenoz.

Dans certains pays africains, on a parfois coutume de se saluer avec ce : Comment va la douleur ? (1)
La douleur, les personnages de ce petit roman de Pascal Garnier, la portent en eux.
Une douleur physique (elle finira par emporter l'un, la main de l'autre est estropiée et bandée).
Une douleur moins palpable aussi : ce petit bouquin fait se rencontrer trois ou quatre éclopés de la vie.
Simon est le tueur à gages au bout du rouleau.
Bernard est le simplet affligé d'une mère ivrogne.
Sur leur route, ils croiseront Fiona la fille-mère et Rosa la belge.
Au fil des pages, la fraîcheur naïve de Bernard éclairera d'une douce lumière les derniers jours d'un Simon désabusé.
Pascal Garnier nous promène pendant ces quelques chapitres dans le sillage de ces petites gens ordinaires ou presque, entre Lyon, l'Ardèche et le Grau-du-Roi, des lieux que traverse parfois le fantôme de Jean Ferrat.
Cette histoire en forme de road-movie est un brin convenue mais se lit sans aucun déplaisir et la rencontre improbable du tueur retraité et du doux chômeur ne manque pas de sel.

[c'est le doux chômeur qui commence : ]
[...] - Moi, j'aimerais bien y être déjà à la retraite.
- Qu'est-ce que vous feriez ?
- Rien.
- Vous n'avez pas de passions, d'envies de voyages ?
- Non, je voudrais juste avoir assez d'argent pour rien faire.
- Vous finiriez par vous ennuyer.
- Je crois pas. Quand on n'a pas de boulot ni d'argent, on s'ennuie parce qu'on pense tout le temps à comment en avoir, mais quand on a de quoi, rien faire c'est tranquille.
- Vous ne lisez pas, vous n'allez pas au cinéma ?
- J'ai du mal avec les livres. Arrivé au bas d'une page, je me rappelle plus le début alors forcément j'avance pas vite. Au cinéma je m'endors à cause du noir. Et vous, qu'est-ce que vous ferez à la retraite ?
- Je ne sais pas. J'aime la mer, les bateaux.

On pense parfois à Échenoz. De loin certes, mais à Échenoz quand même et il y a des références moins flatteuses.

(1) : il y eut également un film de Depardon : comment ça va avec la douleur ?


Pour celles et ceux qui aiment Jean Ferrat.
Après Zulma, Le livre de poche édite ces 187 pages qui datent de 2006.
D'autres avis sur Critiques Libres et Babelio.