vendredi 1 janvier 2010

Best-of 2009

Best of 2008
Bonne année 2010 à toutes et à tous !
Voici le 4ème (et oui ...) best-of annuel sur ce blog, histoire de repérer ce qu'on pourrait appeler « les coups de cœur de nos coups de cœur ».
Même s'il est toujours difficile de faire un choix parmi les meilleurs,  car le tri a déjà été fait une première fois avant d'arriver sur le blog  ...
cliquez sur les vignettes ou sur les liens pour retrouver les billets en version intégrale

Dans la catégorie Polars : La découverte de l'excellent Colin Cotterill et son coroner laotien Siri Paiboun avec Le déjeuner du coroner (ou La dent de bouddha).
Dépaysement bon enfant garanti, humour et intelligence au rendez-vous.

La littérature mexicaine était à l'honneur cette année, alors bien sûr Guillermo Arriaga (auteur de nombreux scénarios de films) est ici récompensé pour Un doux parfum de mort.
Une sombre tragédie, très physique, avec un soleil écrasant et une chaleur étouffante : ça pue la sueur et les mouches volent pendant la sieste.

Donna Leon (qui est un peu la Fred Vargas italienne) n'avait pas encore eu droit à notre podium.
Un oubli réparé cette année grâce à l'une des meilleures enquêtes vénitiennes du sieur Brunetti : De sang et d'ébène.

Même s'il le méritait, on n'a pas fait monter sur le podium, Dans la brume électrique, le bouquin de James Lee Burke car le film de Tavernier qui en est adapté, figure un peu plus loin au best-of cinéma de l'année !
On aurait pu aussi citer la trilogie berlinoise de Philip Kerr.

Dans la catégorie Romans : Justice est enfin rendue ici à Jean Échenoz qui nous a donné cette année avec Courir, un tout petit bouquin qui nous raconte l'histoire d'un grand bonhomme, Émile Zatopek.
Échenoz a l'intelligence de replacer la course d'Émile dans celle, encore plus folle, du monde. Le monde finissant du XX° siècle.
On suit tout cela (les courses d'Émile et la roue de l'Histoire) au rythme donné par Échenoz, dans la foulée d'Émile : c'est passionnant, captivant, haletant.
Et comme toujours avec Échenoz, très très bien écrit.
On ne présente plus Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, incontournable vedette des blogs.
Sauf que la réputation de l'américaine Ann Harper Lee n'est pas surfaite et que ce bouquin est réellement excellent.
Écrit dans les années 60 en pleine campagne des Noirs pour leurs droits civiques, l'action se situe dans les années 30, en pleine Dépression (encore !), dans un état du Sud (l'Alabama) à un moment où la ségrégation avait encore de beaux jours devant elle.
L'auteure nous conte l'histoire d'enfants qui grandissent élevés au fil des saisons par leur père : Scout, la cadette, garçon manqué et son frère aîné, Jem.
Pour boucler le podium des romans, l'Histoire d'Usodimare, un petit opuscule minuscule de l'italien Ernesto Franco.
Un récit de voyage, un récit de marin.
Le récit d'une fin, celle d'un bateau déglingué qu'Usodimare doit accompagner jusqu'au Bangladesh pour la ferraille.
On aimerait encore citer Siri Hustvedt (l'épouse de Paul Auster) ou l'albanais Ismaïl Kadaré, une vieille connaissance relue cette année.
Dans la catégorie BD : Incontestablement, Étienne Davodeau est notre révélation BD 2009.
Avec ce premier épisode d'une série Lulu Femme nue ou encore avec Chute de vélo.
Des dessins pas tape-à-l'œil pour deux ronds, des histoires ordinaires de gens ordinaires, ... mais alors qu'est-ce donc qui fait qu'une fois en mains, on ne peut plus lâcher les albums d'Étienne Davodeau ?
Coup de cœur ensuite pour une japonaiserie de deux auteurs français, Antoine Bauza au scénario et Martin Leclerc dit Maël au pinceau.
Dans l'ambiance zen de cette Encre du passé , texte et dessin se confondent en une agréable alchimie. C'est superbe et les auteurs ont su se limiter à un seul album, chose rare en ces temps prolixes.
On avait déjà croisé le dessinateur aquarelliste (Maël) dans les Rêves de Milton.
On a préféré attendre 2010 pour confirmer l'intérêt de la prometteuse série New Byzance et on a donc hissé Okko à la troisième place du podium.
Le cycle de l'eau nous valait quelques beaux paysages d'îles, de bateaux et même de châteaux suspendus. Le cycle de la terre nous emmenait en montagne à la découverte de mystérieux monastères accrochés à flanc de rochers.
Le cycle de l'air nous emporte dans une vallée où soufflent des vents magiques, les kamikazé (les vents des kamis - les vents des dieux), comme ceux qui jadis, protégèrent le Japon des invasions maritimes du Khan mongol. 

Dans la catégorie miousik : Là encore, pas de contestation pour la première place : on a croisé plusieurs fois cette année la douce voix sucrée de Mélanie Pain, chaque fois avec beaucoup de plaisir.
Dans cet album solo mais aussi chez Nouvelle Vague ou même en duo avec Julien Doré.

Au risque de se répéter, revoici Mélanie mais beaucoup d'autres aussi avec Nouvelle Vague.
C'est leur troisième opus, le plus abouti, même si les deux autres valaient déjà le détour.


Pas d'hésitation pour la troisième place, avec les retrouvailles de Jane Birkin au Bataclan.
Bien sûr on y retrouve plusieurs chansons de Serge Gainsbourg, y compris certaines que Jane n'avait pas ou peu reprises à son compte.
De quoi redécouvrir la qualité des musiques et des textes de Gainsbourg.
Et Jane y interprète également des chansons plus récentes comme celle écrite par les Souchon père et fils.
En complément on peut jeter une oreille sur le Top 2009 des blogueurs.

Dans la catégorie Cinoche : Facile, la palme d'or 2009 revient inévitablement à Quentin Tarantino pour Inglourious Basterds, le film de l'été. Le film le plus décoiffant de l'année.
Dès la musique du générique, avant même la première image, on jubile dans son fauteuil, retrouvant le cinéma de quand on était ado, regrettant presque de ne pas avoir acheté de pop-corn à l'entrée.
On rit, on jubile, on savoure, on se cache les yeux pour échapper aux détails trop gores ! Du grand cinoche.
Presqu'un doublé roman+film, Dans la brume électrique, le film de Bertrand Tavernier est adapté du polar de James Lee Burke.
Un polar sur fond de bayou, en Louisiane.
Une Louisiane qui panse ses plaies après Katrina ...
et d'autres maux, moins "naturels", comme la Guerre de Sécession ou le racisme, comme la mafia ou le show-biz (c'est pareil ?) et d'autres trafics.
Avec Tommy Lee Jones et le décor so cliché de Louisiane ...
Après Tommy Lee Jones, encore une valeur sûre avec Clint Eastwood en grande forme, derrière comme devant la caméra, avec Gran Torino.
De cette fable sociale aux dialogues qui font mouche, plutôt facile et convenue, Clint Eastwood tire finalement un film superbe et plein de finesse sur nos sociétés multi-culturelles d'aujourd'hui, dresse quelques savoureux portraits et accumule les scènes qu'on aurait envie de voir et revoir.
Le début de l'année 2009 était riche en belles toiles : Harvey Milk ou Benjamin Button auraient mérité une place sur le podium eux aussi.
Et la fin d'année était fournie en films plus intimistes qu'on aimerait bien citer ici : À propos d'Elly (un film iranien), Le dernier verre, Pippa Lee, ou L'homme de chevet avec ce très beau couple que sont à la ville comme à l'écran Christophe Lambert et Sophie Marceau.
Traditionnellement du côté des Dessins Animés la production est moins fournie et le palmarès est donc plus facile : Mary et Max, de l'australien Adam Elliot.
Un film sur la correspondance échangée entre une petite fille australienne de la banlieue de Melbourne et un vieux monsieur qui vit au coeur de New-York.
Mary n'est pas très jolie, affligée d'une tâche sur la figure et en proie aux moqueries de ses camarades. Maman boit du sherry et Papa empaille des oiseaux blessés dans le garage.
Max, juif renégat, est boulimique et atteint du syndrome d'Asperger, une forme d'autisme.
Tous deux partagent le même plaisir du chocolat et la même incapacité à aimer ou être aimé.
Là-haut, est un film d'animation qui fait preuve d'un rare équilibre : vraiment une belle réussite.
On se croirait vraiment dans un vrai film : des paysages plus beaux que les vrais, autant d'émotion que dans une comédie, autant de palpitations que dans un james bond, autant d'humour que dans un ... dessin animé.
L'ambiance graphique du vieux monsieur et de sa maison volante vaut le déplacement (en ballon).
Et puis bien sûr, l'incontournable Miyazaki avec Ponyo sur la falaise qui aurait mérité beaucoup plus que le public enfantin auquel l'a condamné la mièvre bande annonce européenne.
Miyazaki et ses équipes ont voulu rompre avec une success story qui était peut-être devenue une ornière : quittant les rivages des ordinateurs et du numérique, nous retrouvons ici le berceau des origines du dessin peint "à la main".
On retrouve bien sûr tout ce qui fait l'imaginaire un peu trouble de Miyazaki : la mer a remplacé la forêt, les poissons ondulants des profondeurs ont remplacé les créatures ondulantes de la montagne, mais tout y est.
L'intervention et la pollution humaines viennent toujours troubler une nature partagée entre colères cataclysmiques et bienfaits apaisants.

Voilà, c'est dit, c'est fait, salut 2009 et vive 2010 !
Et pour ceux qui auraient raté le best-of 2008 : c'est encore !

Aucun commentaire: