lundi 28 juillet 2008

Malavita (Tonino Benacquista)

Et paf le chien.

Tonino Benacquista ne nous avait guère laissé un souvenir impérissable il y a quelques années avec La Maldonne des sleepings et un style un peu brouillon limite vulgarité.
Quelques années ont passé et l'écriture a gagné en maturité.
Voici donc Malavita un petit polar sans prétention, amusant et pas prise de tête. Presque une nouvelle et où il n'y a même pas de serial-killer à chercher.
Puisque c'est le méchant lui-même qui est devenu le héros, amusant, sinon gentil.
Fred Blake et sa famille s'installent en Normandie, aux bons soins du FBI puisque Fred est un mafieux repenti qui a dénoncé ses pairs.
Les affreux vilains le recherchent et veulent sa peau, le FBI le protège.
Ce côté polar ne casse pas trois pattes à un canard même si on peut s'amuser de l'incroyable suite de coïncidences qui remettra les méchants sur la piste du presque gentil.
Ce qui rend le bouquin piquant sinon intéressant c'est le côté «un américain en Normandie».
Y'a pas plus ricain que la famille Blake et y'a pas plus France profonde que le petit village de Cholong (bien vite devenu So Long).
D'autant que Fred s'ennuie à tourner en rond planqué dans sa maison et se met bientôt en tête d'écrire ses mémoires (ce qui nous vaut d'ailleurs des extraits du bouquin dans le bouquin, habile contrepoint).

[... discussion entre les deux ados de la famille ... ] - Trois mois qu'il s'enferme dans sa putain de véranda, dit-il, tout son vocabulaire doit y passer plusieurs fois par jour.
- Dis que ton père est analphabète ...
- Mon père est un Américain de base, tu as oublié ce que c'était. Un type qui parle pour se faire comprendre, pas pour faire des phrases. Un homme qui n'a pas besoin de dire vous quand il sait dire tu. Un type qui est, qui a, qui dit et qui fait, il n'a pas besoin d'autres verbes. Un type qui ne dîne, ne déjeune et ne soupe jamais : il mange.  Pour lui, le passé est ce qui arrivé avant le présent, et le futur ce qui arrivera après , à quoi bon compliquer ? As-tu déjà listé le nombre de choses que ton père est capable d'exprimer rien qu'avec le mot "fuck" ?
- Pas de cochonneries, s'il te plait.
- C'est bien autre chose que des cochonneries. "Fuck" dans sa bouche peut vouloir dire : "Mon Dieu, dans quelle panade me suis-je fourré !", ou encore : " Ce gars-là va me le payer cher un jour", mais aussi "J'adore ce film". Pourquoi un type comme lui aurait besoin d'écrire.

Ce n'est certainement pas de la grande littérature mais ça se laisse plaisamment dévorer.
Sympa pour cet été.


Pour celles et ceux qui aiment les hamburgers au camembert.
Folio édite ces 374 pages.
ValDeBaz et Lo en parlent.
Herwann parle de la suite : Malavita encore.

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